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Afin de vous donner un premier aperçu des thématiques abordées au sein des trois tables rondes du prochain Workshop REA, le 27 janvier 2022, retrouvez régulièrement sur notre site différents articles en lien avec la Chimie de demain.

Introduction à la Chimie Verte

 

L’histoire de la Chimie Verte

 

Avant de nous plonger dans les potentiels portés par la Chimie Verte, il est essentiel d’en retracer la source : la Chimie. Historiquement, le concept d’industrie chimique remonte au 20ème siècle, il s’est considérablement développé après la Seconde Guerre mondiale. Au fil des années, les répercussions humaines et environnementales de cette industrie ont fortement terni l’image du domaine de la Chimie. Entre catastrophes et scénarios pessimistes, l’opinion publique s’est forgée une nouvelle perception : celle de la dangerosité. Pour contrer cela, plusieurs réformes ont vu le jour dès les années 70.

 

C’est en 1972 que fut organisé le Sommet des Nations Unies sur l’Homme et l’Environnement, premier de la sorte, signifiant une prise de conscience étatique.

 

En 1987, les prémisses du Développement Durable virent le jour après une consultation de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement.

 

Enfin, les Etats-Unis adoptèrent en 1990 une loi de prévention de la pollution. Elle fut le point de départ d’un changement radical : opérer à la source des procédés plutôt que de traiter les déchets issus de ces mêmes procédés. C’est ainsi que la Chimie Verte, ou Green Chemistry dans sa langue d’origine, émergea.

 

 

 

Définition de la Chimie Verte

 

Une année après sa naissance, la US Environmental Protection Agency formula une première définition du concept : “La chimie verte a pour but de concevoir et de développer des produits et des procédés chimiques permettant de réduire ou d’éliminer l’utilisation et la synthèse de substances dangereuses.”

 

Les chimistes américains, Anastas et Warner, ont par la suite défini 12 grandes lignes directives s’inscrivant dans le courant de la Chimie Verte :

Les 12 principes de la Chimie Verte

 

 

1) Prévenir la production de déchets plutôt que d’en tenter leur traitement.

 

2) Elaborer de nouvelles méthodes pour optimiser la consommation de tous les matériaux dans le processus de production d’un produit fini.

 

3) Minimiser l’utilisation de substances toxiques pour favoriser celles qui n’auront aucune répercussion sur l’humain ou l’environnement.

 

4) Les composants chimiques devront être étudiés de manière à ce qu’ils soient moins toxiques tout en préservant leurs efficacités.

 

5) Limiter l’utilisation de substances auxiliaires tels que des solvants et agents de séparation.

 

6) Minimiser la consommation énergétique durant les procédés d’industrie chimique.

 

7) Prioriser les ressources renouvelables au détriment des ressources pouvant être épuisées.

 

8) Réduire l’utilisation de produits dérivés.

 

9) Prioriser les procédés catalytiques aux réactifs stoechiométriques.

 

10) Favoriser l’utilisation de produits chimiques biodégradables.

 

11) Développer des méthodes d’analyse en temps réel pour le contrôle et la gestion de la formation de substances dangereuses.

 

12) Prévenir les accidents (explosions, incendies …) en contrôlant et minimisant les risques d’utilisation de certaines substances chimiques

Source : Anastas, Paul T. Warner, John C. Green Chemistry Theory and Practice; Oxford University Press: New York, 1998

 

Depuis la publication de ces travaux, de nombreux pays financent de nouveaux programmes de Recherche s’inscrivant dans ces 12 principes de la Chimie Verte. Sur la voie du progrès, l’industrie chimique tente d’être en cohérence avec les attentes de notre ère : le respect de l’environnement et de la biodiversité. Elle désire également redorer son image en rendant ses usages moins dangereux pour l’humain. Nous assistons donc à la métamorphose constante et prometteuse d’une chimie qui, dans un futur proche, sera en adéquation avec les attentes des citoyens.

 

Marius Grosjean

Rédacteur chez Recherche et Avenir