Jan 12, 2022
Afin de vous donner un premier aperçu des thématiques abordées au sein des trois tables rondes du prochain Workshop REA, le 27 janvier 2022, retrouvez régulièrement sur notre site différents articles en lien avec la Chimie de demain.
Le recyclage des batteries lithium-ion
De nos jours, le recyclage des batteries lithium-ion est un défi majeur et incontournable : les réglementations européennes demandent un taux de recyclage de 50% au minimum. En accord avec les prévisions d’EDF pour 2027, nous estimons à 50 000 tonnes le volume de batteries à recycler. Elles sont donc au centre des préoccupations d’un grand nombre de chercheurs.
Qu’est-ce qu’une batterie lithium-ion ?
La batterie lithium-ion libère son potentiel électrique durant un échange réversible d’ions lithium entre deux électrodes. D’un côté se trouve une anode en graphite et de l’autre, une cathode en oxyde métallique. Le contexte d’échange ionique se déroule dans un électrolyte liquide pour en faciliter les transferts.
En s’appuyant sur les travaux d’Anne-Laure ROLLET, chargée de recherche au CNRS, nous pouvons résumer les grands concepts du recyclage des batteries.

Comment recycler une batterie lithium-ion ?
Le recyclage des batteries lithium-ion peut se faire par deux procédés parfois complémentaires. Après avoir démonté puis broyé les éléments internes qui la composent, on récupère les métaux ferreux sous forme d’alliage. Ce procédé se nomme la pyrométallurgie et a pour principe de récupérer le lithium, le nickel, le cobalt et le manganèse par la fonte de ces derniers.
L’autre méthode se nomme l’hydrométallurgie. En utilisant des solvants, elle permet la récupération des métaux par purification. Plus précisément, l’acide sulfurique ou le chlore permet la mise en solution des métaux, et le solvant permet la séparation des => de ses différents métaux. On l’utilise en général pour le traitement du nickel et du manganèse.
Grâce à l’évolution de la chimie verte, le taux de recyclage atteint aujourd’hui 65% en France selon des sources l’ADEME (Agence de la Transition Écologique), un pourcentage qui témoigne des progrès importants réalisés dans le domaine, et dont on peut espérer qu’il continue de s’améliorer dans les années à venir.
Marius Grosjean
Rédacteur chez Recherche et Avenir
Jan 12, 2022
Découvrez plus en détails les trois tables rondes du 16ème Workshop REA, le 27 janvier 2022.

ATELIER 1
STOCKAGE DE L’ÉNERGIE : LA VOIE DE L’ÉLECTROCHIMIE
Le stockage de l’énergie électrique est un enjeu majeur de la société humaine actuelle. Plusieurs technologies existent depuis nombreuses décennies: batteries, condensateurs (et supercapacités) et piles à combustibles.
La pression sur la mobilité des appareils et des personnes ainsi que la pression sur le déploiement d’une production renouvelable d’énergie a placé ces technologies au cœur d’intenses compétitions entre les laboratoire de recherche, les entreprises et les pays.
Nous discuterons lors de cette table ronde de ces différentes technologies et du positionnement des acteurs :
Défi scientifique, enjeu environnemental et choix politique face à une demande mondiale croissante
Batteries et supercondensateurs : verrous et avancées de la Recherche sur les nouvelles technologies
Méthodes efficaces et responsables : éco conception, recyclage, détection et réparation
Animé par Anne-Laure Rollet (Sorbonne Université – CNRS)
Avec Pierre Joubert (Région Sud Investissement), Pierre-Emmanuel Casanova (HYSILABS), Stéphane Biscaglia (ADEME), Florence Vacandio (AMU – CNRS), Pascal Boulanger (Nawa Technologies)

ATELIER 2
EN ROUTE VERS UNE CHIMIE VERTE
Lancé en 1991 par l’agence américaine pour la protection de l’environnement (Environmental Protection Agency), le concept de chimie verte » (green chemistry) a ensuite été précisé en 1998 à l’aide de douze principes par les chimistes américains Paul T. Anastas et John Charles Warner, qui ont contribué à l’émergence et à la diffusion du concept.
Depuis une quinzaine d’années, le recours à la chimie verte s’accélère au niveau mondial et cela dans toutes les industries, qu’il s’agisse du secteur de la santé, de l’automobile ou du textile. Aujourd’hui les questions de gouvernance environnementale et sociale (ESG) amplifient encore cette tendance. En effet, la chimie verte est une chimie qui s’inscrit dans une logique de développement durable, d’où le terme peut-être plus juste de chimie durable. Car produire plus et mieux, tout en consommant et en rejetant moins : tel est l’enjeu des industries aujourd’hui.
L’atelier atelier se focalisera donc sur les points suivants :
Les principes de la chimie verte : quelle efficacité environnementale, économique et industrielle ?
Technologies et matériaux innovants : comment mettre la R&D au service de solutions vertes
Retours d’expérience : exemple des secteurs de l’industrie chimique, du médical et du BTP
Animé par Laetitia Pineau (CIBL – IS)
Avec Sylvain Antoniotti (ICN – UCA), Michel Oggero (FILIATER), Philippe Robin (ALYSOPHIL), Henri-Pierre Suso (BIOVOTEC), Tatiana Budtova (CEMEF – Mines Paris Tech)

ATELIER 3
LA CHIMIE AU SERVICE DE L’HUMAIN
Dans cette table ronde, nous allons échanger sur les enjeux auxquels Chercheurs et Industriels de la chimie doivent répondre dans un monde, où l’opposition aux pesticides est croissante, où des application de notation des aliments et des cosmétiques (comme Yukka) accompagnent les consommateurs au quotidien, et où les questionnements sur l’impact des vaccins et des médicaments sur l’homme sont de plus en plus présents.
Du dentifrice matinal au yaourt du dîner, en passant par l’anti-migraine de l’après-midi, la chimie est omniprésente dans notre quotidien. Alors que les médias se font l’écho du « plus sain » et du « retour au naturel » souhaité par beaucoup de consommateurs, doit-on vraiment opposer produits « naturels » et produits de « synthèse » ?
Dans un contexte de marché qui a fortement évolué ces 15 dernières années, comment font les industriels du monde de l’alimentaire, des cosmétiques et de la pharmacie pour combiner souhait des consommateurs, efficacité et agrément du produit, coût de production et respect de la règlementation ?
Les Chercheurs en chimie sont-ils condamnés à ne travailler qu’à la découverte de nouvelles molécules pour les grandes firmes pharmaceutiques ?
Y a-t-il encore des opportunités pour ces Chercheurs de travailler à modéliser les effets des produits, améliorer les processus de production et répondre aux défis sanitaires et écologiques du siècle ?
Telles sont les questions qui seront adressées par nos experts :
La chimie en santé : opportunités et contraintes
La chimie dans l’alimentation : enjeux économiques, sociétaux et environnementaux
Chimie et cosmétologie : une quête de bien-être, de naturel et d’efficacité prouvée
Animé par Laurent Londeix (ORANGE)
Avec Xavier Fernandez (ICN – UCA), Pascale Gelis-Imbert (FACULTÉ DE MÉDECINE – UCA), Jean Mane (MANE), Pascal Mayer (ALPHANOSOS)
Pour s’inscrire
► En présentiel c’est : ICI (entrée libre mais inscription obligatoire)
► En digital c’est : ICI (plateforme Zoom)
Déc 16, 2021
Afin de vous donner un premier aperçu des thématiques abordées au sein des trois tables rondes du prochain Workshop REA, le 27 janvier 2022, retrouvez régulièrement sur notre site différents articles en lien avec la Chimie de demain.
Introduction à la Chimie Verte
L’histoire de la Chimie Verte
Avant de nous plonger dans les potentiels portés par la Chimie Verte, il est essentiel d’en retracer la source : la Chimie. Historiquement, le concept d’industrie chimique remonte au 20ème siècle, il s’est considérablement développé après la Seconde Guerre mondiale. Au fil des années, les répercussions humaines et environnementales de cette industrie ont fortement terni l’image du domaine de la Chimie. Entre catastrophes et scénarios pessimistes, l’opinion publique s’est forgée une nouvelle perception : celle de la dangerosité. Pour contrer cela, plusieurs réformes ont vu le jour dès les années 70.

C’est en 1972 que fut organisé le Sommet des Nations Unies sur l’Homme et l’Environnement, premier de la sorte, signifiant une prise de conscience étatique.
En 1987, les prémisses du Développement Durable virent le jour après une consultation de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement.
Enfin, les Etats-Unis adoptèrent en 1990 une loi de prévention de la pollution. Elle fut le point de départ d’un changement radical : opérer à la source des procédés plutôt que de traiter les déchets issus de ces mêmes procédés. C’est ainsi que la Chimie Verte, ou Green Chemistry dans sa langue d’origine, émergea.
Définition de la Chimie Verte
Une année après sa naissance, la US Environmental Protection Agency formula une première définition du concept : “La chimie verte a pour but de concevoir et de développer des produits et des procédés chimiques permettant de réduire ou d’éliminer l’utilisation et la synthèse de substances dangereuses.”
Les chimistes américains, Anastas et Warner, ont par la suite défini 12 grandes lignes directives s’inscrivant dans le courant de la Chimie Verte :
Les 12 principes de la Chimie Verte

1) Prévenir la production de déchets plutôt que d’en tenter leur traitement.
2) Elaborer de nouvelles méthodes pour optimiser la consommation de tous les matériaux dans le processus de production d’un produit fini.
3) Minimiser l’utilisation de substances toxiques pour favoriser celles qui n’auront aucune répercussion sur l’humain ou l’environnement.
4) Les composants chimiques devront être étudiés de manière à ce qu’ils soient moins toxiques tout en préservant leurs efficacités.
5) Limiter l’utilisation de substances auxiliaires tels que des solvants et agents de séparation.
6) Minimiser la consommation énergétique durant les procédés d’industrie chimique.
7) Prioriser les ressources renouvelables au détriment des ressources pouvant être épuisées.
8) Réduire l’utilisation de produits dérivés.
9) Prioriser les procédés catalytiques aux réactifs stoechiométriques.
10) Favoriser l’utilisation de produits chimiques biodégradables.
11) Développer des méthodes d’analyse en temps réel pour le contrôle et la gestion de la formation de substances dangereuses.
12) Prévenir les accidents (explosions, incendies …) en contrôlant et minimisant les risques d’utilisation de certaines substances chimiques
Source : Anastas, Paul T. Warner, John C. Green Chemistry Theory and Practice; Oxford University Press: New York, 1998
Depuis la publication de ces travaux, de nombreux pays financent de nouveaux programmes de Recherche s’inscrivant dans ces 12 principes de la Chimie Verte. Sur la voie du progrès, l’industrie chimique tente d’être en cohérence avec les attentes de notre ère : le respect de l’environnement et de la biodiversité. Elle désire également redorer son image en rendant ses usages moins dangereux pour l’humain. Nous assistons donc à la métamorphose constante et prometteuse d’une chimie qui, dans un futur proche, sera en adéquation avec les attentes des citoyens.
Marius Grosjean
Rédacteur chez Recherche et Avenir
Nov 4, 2021
C’est à l’occasion du dernier salon Industria que s’est tenue la remise des chèques Innovation, dispositif porté conjointement par F2i, l’UIMM Côte d’Azur et REA via son Dispositif RUE.
Lancée en 2018, cette première expérimentation visait via son financement, à encourager les TPE-PME-PMI de la Métallurgie à se rapprocher du monde académique pour les aider dans leur projet de développement.
Au terme de leur délibération, les membres du jury, au rang desquels étaient représentés F2i, l’UIMM Côte d’Azur, la CCI 06, l’UPE 06 et UCA, ont choisi de récompenser les projets des entreprises One-Too, Ragni et Resistex.
Chacun des trois lauréates, fleurons historiques de l’écosystème azuréen, a bénéficié de l’accompagnement du Dispositif RUE dans le montage de son projet et dans la mise en lien avec des laboratoires de Recherche.
►3 entreprises RÉCOMPENSÉeS
Alors que l’on attend de l’innovation qu’elle s’applique à des domaines technologiques, deux des dossiers retenus ont consacré des projets RSE.
Les projets de Ragni et Resistex illustrent l’omniprésence de l’innovation de nos jours dans des démarches concrètes de développement durable. Nés des sciences managériales et sociales, ces projets qui s’articulent autour de l’engagement des parties prenantes visent à terme à la transformation profonde des modèles. Pour ce faire, ces deux entreprises familiales spécialisées dans la Conception et la fabrication de luminaires, ont fait le choix de se lancer sur des thèses de doctorat.
One-Too, entreprise spécialiste des outils de contrôle et de mesure à destination de l’industrie du transport, a quant à elle choisi au travers de son projet “Toc to me” de se concentrer sur un ambitieux sujet en lien avec la maintenance et les performances des batteries des véhicules électriques, un sujet également au cœur de nos sociétés.
Tour à tour les dirigeants et les chefs des projets ont souligné l’importance des approches collaboratives aujourd’hui mais également la nécessité de cette ouverture au monde académique avec un maillon central chargé d’assurer la jonction entre ces deux univers, rôle endossé par le Dispositif RUE depuis maintenant 6 ans.
►Un prix de 10’000 € à la clé
Les 3 entreprises retenues se sont vues remettre un chèque de 10’000 euros.

Retrouvez l’article de TRIBUCA ici : https://rechercheetavenir.eu/wp-content/uploads/Article-TRIBUCA-oct21.pdf
Témoignages
Stéphanie GODIER (Directrice – REA)
« Trop peu d’entreprises parmi les 4000 industriels que comporte le territoire ont fait l’expérience de la Recherche avec un laboratoire public, c’est une nouvelle culture qui peut être difficile à déchiffrer et à appréhender pour les dirigeants. En soutenant le Dispositif RUE, F2i et de l’UIMM CA ont souhaité soutenir l’innovation sur le territoire, à destination des industries qui ont fait le choix audacieux de s’impliquer dans des collaborations de Recherche. »
Daniel SFECCI (Président – UIMM Nice Côte d’Azur)
« Il faut redonner à notre territoire cette vision industrielle qui est la sienne avec 30% du PIB. Avec RUE c’est une histoire qui dure depuis 6 ans. Ce partenariat incarne notre volonté de rapprocher le monde universitaire du monde de l’entreprise. Cette action est capitale dans ce délicat rapprochement de ces deux univers, l’un dédié à l’efficience, l’autre à la Recherche fondamentale mais dont la conjugaison nous permettra de répondre aux défis technologiques qui sont les nôtres. »
Denis CAILLET (Directeur Technique – One Too)
« En plein essor des motorisations électriques et hybrides il nous a semblé qu’il restait encore beaucoup à faire autour du diagnostic des batteries. On s’est orienté vers un projet ambitieux puisque l’on souhaite à terme proposer aux utilisateurs un outil de mise en évidence des futures carences d’un véhicule, mais aussi le guider sur la meilleure stratégie de recharge de la batterie dans le but d’augmenter son autonomie. »
Michèle CIMELLI (Directrice – One Too)
« Au début il a fallu que je me persuade mais aujourd’hui l’aventure RUE m’a convaincue, les entreprises ont besoin de chercheurs pour pouvoir évoluer, pour initier de nouvelles démarches. Il faut vraiment que l’on s’ouvre à ce genre de dispositif. RUE nous a aidés et nous aide encore à porter ce projet. »
https://region-sud.latribune.fr/entreprises-finance/2020-05-11/les-opportunites-de-one-too-847461.html
Charlotte TALEGHANI (Responsable Dialogue & Développement durable – Ragni)
« Ce projet est né lorsque Stéphanie Godier est venue nous voir il y a de ça plus d’un an. Historiquement on connaissait le domaine de la Recherche au travers des sciences plus techniques, on cherchait à collaborer sur ces sujets RSE avec une équipe de recherche en sciences managériales et sociales, en se disant qu’il y avait beaucoup de choses à faire dans ces domaines.C’était tout nouveau pour Ragni, nous sommes des fabricants mais j’étais convaincue qu’on allait gagner à faire rentrer le monde académique dans nos modèles industriels. Au quotidien il faut faire preuve d’une ouverture à des façons de procéder qui diffèrent parfois des nôtres, on est dans des sciences sociales pour lesquelles on ne peut pas toucher du doigt les résultats tout de suite. Ce sont des projets qui changent nos habitudes et notre vision. On va sortir grandis de cette expérience c’est sûr ! »
https://region-sud.latribune.fr/entreprises-finance/2020-10-26/marcel-ragni-la-gestion-de-l-entreprise-passe-par-l-humain-860771.html
Bernard ALFANDARI (Président Directeur Général – Resistex)
« C’est une découverte pour nous, nous ignorions tout de ce monde, nous n’avions jamais franchi le pas ! Au-delà de cette thèse qu’avec audace et ambition nous portons, l’idée c’est de sortir des silos, le notre c’est celui de l’entreprise qui est un monde fermé. L’industrie de demain sera celle dans laquelle nous serons capables de construire des passerelles, notamment avec le monde de l’enseignement.La dimension sociétale est importante pour Resistex, et tout seuls nous n’aurions pas été capables de bâtir cette passerelle avec le monde universitaire. Le Dispositif RUE nous a porté et a permis de rendre cette première expérience possible. Au-delà de la remise de ce chèque, ce prix matérialise la montée d’une marche qui nous montera jusqu’au ciel car telle est notre ambition, c’est le début d’une grande aventure ! »
https://region-sud.latribune.fr/economie/2019-06-18/bernard-alfandari-la-rse-c-est-de-l-innovation-manageriale-820857.html

Pour voir la remise des prix et écouter les entreprises lauréates c’est ici : https://www.youtube.com/watch?v=-XCoMvyrrVM&list=PLJh0NNOYXzzybM7chvtJRADo0bxRTbgF1&index=10
Nov 3, 2021
Subtilement introduit par le conseiller municipal Xavier Latour, le festival de Recherche & Société s’est érigé au sommet des consciences durant la journée du Jeudi 14 août 2021. Le courant transhumaniste a été défini comme étant le désir d’améliorer les performances humaines et d’augmenter son existence…
En soulevant habilement la problématique suivante : “Comment le transhumanisme va-t-il s’inscrire dans les crises et le courant de notre société ?”, Xavier Latour a pu mettre en marche la machine du débat et des prises de parole au sein de l’amphithéâtre de l’EDHEC.

Xavier Latour et Stéphanie Godier
Jean-Pierre Merlet, Responsable scientifique à l’INRIA
Comme premier intervenant, nous faisons place à Jean-Pierre Merlet, responsable scientifique à l’INRIA (l’Institut Nationale de Recherche en Sciences et Technologies du numérique). Sa conférence sur le transhumanisme s’imprègne de ses innombrables travaux concernant la robotique. Sur des notes d’humour, la prise de parole de cet homme de passion a pu captiver l’auditoire.
C’est avec ingéniosité qu’il introduit le sujet par sa racine la plus profonde, celle des récits de la mythologie grecque. “La robotique est née au début des années 60 mais le concept d’être artificiel remonte à l’Antiquité. Héphaïstos, dieu du feu et maître de la forge, s’est vu handicapé par sa chute du mont Olympe. Boiteux, il créa deux êtres artificiels pour le soutenir dans son travail d’orfèvre et de forgeron.” Le projet HEPHAISTOS soutenu par monsieur Merlet prend ainsi tout son sens…
La place du robot dans notre société se dédie à l’accompagnement de l’être humain dans le but d’en augmenter ses capacités. Les dispositifs présentés durant la conférence s’inscrivent parfaitement dans ce courant transhumaniste :
- Un déambulateur connecté : Au service du troisième âge, ce prototype de déambulateur recueille toutes sortes de données précieuses telles que la vitesse de la personne et sa position géographique. Ainsi, les trajets effectués sont enregistrés dans une base de données qui deviendra, avec le temps, de plus en plus performante. La finalité de ce projet est de pouvoir fournir à l’usager un trajet optimisé prenant en compte toutes sortes de contraintes physiques (des trottoirs trop hauts, des pentes aux degrés élevés, des travaux…), se basant ainsi sur l’expérience de la base de données. C’est par l’apprentissage des trajets précédents que les itinéraires futurs seront plus optimisés pour une personne à mobilité réduite.
- Une canne connectée : Également équipée d’un accéléromètre et d’un gyroscope, la canne présentée durant la conférence reconnaît sa position dans l’espace. Par conséquent, si cette dernière est au sol et en position horizontale, elle pourra se redresser d’elle-même par le biais d’un petit piston hydraulique. De ce fait, la personne âgée n’aura guère besoin de se baisser pour l’attraper afin d’éviter tous risques de chutes.
Des robots plus évolués comme les prototypes Asimo et Atlas sont impressionnants mais ils restent néanmoins extrêmement coûteux. De plus, leurs actions se limitent aux ordres fixés par leurs créateurs : un robot capable de modéliser ses propres idées se rapproche plus de la science-fiction que de notre réalité. Voici pourquoi, selon Jean-Pierre Merlet, la robotique ne prendra pas la place de l’humain, mettant un frein à toutes théories pessimistes du remplacement de notre espèce par notre création : la machine.

Jean-Pierre Merlet
Gilles Bernardin, Cardiologue au CHU de Nice
“Je répare plus que je n’augmente, c’est pourquoi je garde mes distances avec le transhumanisme” déclare Gilles Bernardin, éminent cardiologue au CHU (Centre Hospitalier Universitaire) de Nice. C’est en naviguant sur une approche pessimiste que monsieur Bernardin dépeint le courant transhumaniste comme étant l’aboutissement de l’un des vices de l’humain : le désir “d’ammortalité”.
En à peine trois siècles, nous avons multiplié notre espérance de vie par 3. Nous mettons en place des procédés de bio-impression révolutionnaires : l’entreprise BIOLIFE4D a réussi l’exploit d’imprimer un cœur de souris dont les battements provoquent des palpitations au sein de la communauté scientifique. Plus encore, les progrès ont permis d’imprimer de la peau neuve sur des victimes de brûlures graves. Mais qu’en est-il des dérives ? Quelles sont les limites que l’humain ne doit pas franchir ? Gilles Bernardin nous fait généreusement part d’exemples où l’augmentation prend la place sur la réparation :
- ALCOR Life extension foundation : Cette entreprise a pour activité la cryogénisation de l’être humain. En effet, il est désormais possible (moyennant une somme d’argent conséquente) de se faire cryogéniser dans l’espoir d’être décongelé dans un futur plus ou moins proche. Ce concept attire une clientèle de tout part et pour des motivations diverses. Attendre le futur dans l’espoir d’être soigné d’une maladie présentement incurable ou bien tenter de préserver sa conscience pour qu’un “ordinateur du futur” puisse la télécharger afin d’atteindre l’immortalité… Voici certaines des motivations exprimées à l’égard de ce projet aux airs de Futurama.
- Un bébé OGM : Le chercheur chinois en biophysique He Jian Kui (ou 贺建奎 dans sa langue natale) a été, en 2018, au coeur d’un scandale autant éthique que scientifique. Il a été le premier humain à franchir l’une des limites les plus importantes de la génétique : modifier le génome humain. En s’aidant de la protéine Cas9, il a pu créer 2 bébés résistants au VIH. Seulement, cette même protéine se montre également efficace quant au renforcement cognitif du sujet… Nous assistons là aux prémices du trie embryonnaire et de l’augmentation de l’être vivant avant même sa naissance.
Gilles Bernardin finit sa conférence en évoquant la dangerosité de la manipulation du génome et nous met en garde en citant la Loi de Gabor : “Tout ce qui est faisable sera un jour réalisé”. En d’autres termes, l’application du transhumanisme dans nos sociétés doit être un choix mûrement réfléchi et doit prendre en compte diverses acteurs tels que des philosophes, scientifiques, politiciens, juristes, communicants…

Gilles Bernardin
Le point startup, Neurodec & Ekinnox au service de la médecine
Deux startups ont été invitées à prendre parole devant l’amphithéâtre de l’EDHEC. Toutes deux dévouées à accompagner l’humain par le biais de la médecine, elles nous ont présenté leurs activités et leurs espérances pour le futur :
- Neurodec : Représentée par son fondateur Konstiantyn Maksymenko, la startup Neurodec se spécialise dans la création d’un logiciel permettant de décoder des mouvements musculaires pour, par la suite, en faire une simulation informatique. En utilisant l’électromyographie1, le logiciel Myoelectric Digital Twin a pu simuler un avant-bras humain. Il pourra notamment se montrer utile pour le domaine du sport afin d’optimiser les diagnostics médicaux et la rééducation des patients.
- Ekinnox : Le co-fondateur Baptiste Fosty a pris place pour nous présenter sa startup. Ekkinox a pour objectif de démocratiser le mouvement humain dans le but d’en simplifier l’analyse. L’analyse médicale est connue pour être extrêmement coûteuse et peu abordable, c’est pourquoi il propose une solution qui s’ouvrira peu à peu au grand public. Kintrack permet de recueillir toutes sortes de données physiologiques à partir de caméras. L’analyse de la posture et de la démarche d’un patient se fera donc en quelques minutes pour un résultat semblable à de la motion capture. A l’avenir, ce logiciel pourrait éventuellement prévoir les risques de blessures potentielles chez les sportifs amateurs ou professionnels.
Concluons sur une note d’espoir
Comme il a pu être dit durant la table ronde, l’humain doit être accompagné et non remplacé. De ce fait émerge le concept de “robot aidant” permettant à l’humain des économies de temps. En médecine par exemple, un robot de la sorte pourrait s’occuper de la toilette du patient tandis que le ou la docteur.e pourrait réinvestir ce temps pour veiller au confort du patient.
Il est donc important de mieux appréhender les enjeux que soulève le transhumanisme pour au mieux anticiper les débouchés de leurs applications. Comme l’a dit Rabelais “Science sans conscience n’est qu’une ruine de l’âme”, nous devons donc réfléchir aux conséquences de nos progrès afin d’éviter ce qui n’est pas souhaitable pour l’humanité.
1Electromyographie : Procédés permettant le recueil de mouvements musculaires par l’utilisation d’électrodes offrant la possibilité de les retranscrire en signaux électriques distincts. Cela permet de traduire les signaux électriques pour reconnaître la nature du mouvement musculaire à l’aide d’une intelligence artificielle.
Marius Grosjean
Rédacteur chez Recherche et Avenir
Avr 21, 2021
Sans conteste l’innovation s’inscrit aujourd’hui comme une pierre angulaire du développement économique des entreprises, un constat que partagent les territoires et qu’ils entendent favoriser au travers de leur soutien au Dispositif RUE.
Les territoires aux côtés du Dispositif RUE
Conscients du rôle joué par le Dispositif RUE, ils se sont fédérés autour des missions de REA.
Parmi eux la MNCA, la CASA, la CACPL, la CAPG pour le seul 06, mais aussi la MTPM, la CAVEM et la DPVa pour le 83 renouvellent d’année en année leur soutien à Recherche et Avenir. L’année 2021 marque le déploiement de RUE au sein des départements des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse, et de leurs territoires.
Soutiens de Recherche et Avenir, ils permettent aux côtés d’autres partenaires académiques et économiques, de garantir la gratuité de l’accompagnement du Dispositif RUE pour les entreprises.
Rien de surprenant à voir Jérôme VIAUD, Président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Grasse et Maire de Grasse, évoquer l’importance du Dispositif RUE dans l’accès à la Recherche et l’innovation pour les entreprises et la mise en place de “synergies académiques-économiques”.

► L’intégralité de la vidéo est à retrouver ici : https://www.youtube.com/watch?v=qOT9IyZaXu4
Un exemple de collaboration réussie
C’est le cas d’Electronie, PME basée à Mouans Sartoux, et de l’école d’ingénieurs Polytech (UCA) située à Sophia Antipolis dont la collaboration fructueuse a donné lieu à la mise en place d’un Hackathon autour d’un besoin de l’entreprise.

► Pour en savoir plus sur le projet : https://rechercheetavenir.eu/electronie-et-polytech-reunis-autour-dun-hackaton/